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Les industriels du contenu, l'Ancien Régime de la révolution Numérique

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par admin le 21/03/2006 à 00:05
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Extrait des débats du 15 mars 2006.
Réaliste sur l’issue de la discussion, le député Didier Mathus a prévenu – encore une fois – le gouvernement de l’échec annoncé du projet. Il a spécialement souligné la volonté manifeste de protéger les industriels du contenu, aux dépens des libertés et de l’enrichissement culturel des internautes.

Monsieur Didier Mathus Pour bien resituer ce projet de loi dans le mouvement intellectuel de ces dernières années, que s’est-il passé avec la révolution numérique, parce qu’on peut vraiment parler de révolution ? La multiplication des capacités d’échanges entre individus sur Internet, avec les plateformes peer-to-peer en particulier mais pas seulement, a totalement révolutionné les industries de la culture, mais aussi celles de l’information.

Et ce à quoi on assiste d’un côté, c’est à une désindustrialisation des échanges culturels, c’est vrai, et de la musique en particulier, avec cet élément particulier dans le cas de la musique, c’est que les échanges par peer-to-peer offrent une valeur ajoutée que l’industrie n’est pas capable d’offrir. Les adolescents, les jeunes, peuvent réaliser les compilations qui correspondent à leurs stricts goûts personnels, c’est à dire qu’ils choisissent eux-mêmes d’assurer leur diversité culturelle, elle n’est plus imposée d’en haut par un industriel quelconque. Donc, j’estime que cette désindustrialisation de la musique est parfaitement positif.

Le deuxième aspect, dont on n’a pas traité beaucoup dans ce débat, mais qui va être considérable dans les années qui viennent, c’est que tout ce qui se passe sur les blogs et les wikis, qui est en train de révolutionner l’information. L’apparition par exemple de Wikipedia, et d’un certain nombres de procédés agrégatifs font que chacun participe, de son ordinateur, à l’élaboration d’une conscience collective et d’une connaissance partagée. Cet aspect met bien sur en cause l’arbre traditionnel de transmission de l’information et de la connaissance, qui était : quelques industriels des contenus qui décidaient de ce que devaient écouter les gens, quelques industriels de l’information qui décidaient de ce que devaient penser les gens. Et on assiste à cette révolution qui fait que tous ces grands procédés de transmission verticale, d’un émetteur vers des récepteurs passifs sont brutalement mis en cause.
On voit le conflit légitime, normal, entre d’une part les industriels propriétaires des contenus et des catalogues, et d’autre part des citoyens, des internautes, mais pas seulement, qui tentent de faire valoir ce droit nouvellement acquis à l’expression et à la diversité culturelle librement choisie.

Or, la bataille de retardement du gouvernement ne peut faire illusion à personne. C’est comme si on voulait endiguer la mer avec du sable. Bien évidemment, toutes ces mesures de pénalisation qui sont longuement décrites au fil de ces articles seront sans effet réel sur la société d’aujourd’hui. On sait bien que la pénalisation massive qu’ils supposent n’a aucune chance de fonctionner.

Quand on regarde ce qui s’est passé dans la transposition des autres pays européens, le gouvernement a choisi la transposition la plus restrictive d’Europe avec la Grèce. Et même quand on compare avec des adaptations beaucoup plus ouvertes, respectueuses des libertés individuelles qui ont eu lieu dans d’autres pays, comme le Danemark ou le Royaume Uni, on s’apercoit que même les décisions de poursuivre certains types d’échanges de fichier, ceux à fins commerciales comme en Grande Bretagne, les législations sont peu appliquées, les tribunaux ne prononcent pas les sentences, parce qu’encore une fois on ne peut pas légiférer contre la société.

La tentative du gouvernement est vouée à l’échec. Aujourd’hui, vouloir légiferer contre la société, ca ne marchera pas. Et on se retrouve face à un problème assez considérable, le même qu’on a pu apercevoir dans l’industrie bio-génétique, avec la volonté de certains industriels comme Monsanto de vouloir imposer des gènes propriétaires. Aujourd’hui, dans le domaine de la propriété intellectuelle, il y a une telle frénésie d’appropriation, une telle voracité de profits, que quelques industriels tentent d’imposer l’idée que tout ce qui circule sur le Net devrait leur appartenir.

Et bien cette bataille-là, elle ne fait que commencer. Aujourd’hui le gouvernement l’emportera sûrement, il y a une majorité mécanique. Ce soir, demain soir, il sera au bout de son calvaire. Il aura fait adopter ce projet de loi pour le plus grand bénéfice des industriels des contenus.
Mais c’est une victoire à la Pyrrhus, il est clair que les aspirations à la liberté et à l’enrichissement culturel vont l’emporter. Cette volonté de transformer la propriété intellectuelle en gisement pour des actionnaires n’a aucune chance de l’emporter à terme. Cette bataille que nous menons, peut-être qu’elle sera perdue ce soir dans cet hémicycle, mais elle sera gagnée dans la société l’an prochain ou dans deux ans.

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  1. Un politique avec du bon sens…
    A new hope…

    Commenté par Alb — 21 mars 2006 @ 13 h 45 min

  2. Moi ce que j’ c’ qu’ paye des mecs qui pendant leur taff et surtout pendant qu’ devraient etre attentifs se permettent de lire le journal ! S’ étaient en cpe ils ne feraient pas long feu ^^

    Commenté par cahnory — 21 mars 2006 @ 14 h 37 min

  3. Excellente intervention de Didier Mathus, pleine de bon sens. Très bon orateur.

    Commenté par Neoli — 21 mars 2006 @ 23 h 14 min

  4. De belles paroles …
    Je suis d’ avec lui : > (Le Seigneur des DRM , la communauté de DADVSI). Grâce au P2P, la découverte de nouvelles musiques se fera (et aurait toujours du se faire) par le bouche à oreille et non par le top-50-des-artistes-les-plus-financés, et ce que les industriels le veuillent ou non. Ainsi seuls les artistes talentueux auront du succès.
    Par contre, le secteur réservé aux industriels est le secteur du disque. En effet, le support physique est selon moi très important (moi qui télécharge sur Jamendo, je grave des CD des artistes que j’ bien pour les prêter à mes amis, ou tout simplement avoir une « trace » de la musique). Seulement, on n’ètera des CD qu’ès les avoir écouté chez soi et uniquement si ils nous ont plu. C’ le principe du satisfait ou remboursé qui s’ dans le secteur musical.

    Mais évidemment, il y a des gens qui téléchargeront leurs artistes préférés sans jamais acheter de CD.
    Eh bien c’ dommage … car sur ce point là le gouvernement a raison : il faut quand même une rémunération aux artistes. C’ pour ça que la licence globale (même optionnelle) aurait été une bonne chose, une deuxième source de revenus aux artistes, une compensation, à condition qu’ leur soit reversé directement sans passer par un major. Mais le gouvernement passe à côté et il en subira les conséquences.

    Pour les films, c’ différent. Car grâce au cinéma et aux vidéos clubs on peut les visionner sans les acheter, donc pas besoin de les télécharger. Et je comprend qu’ proteste contre le téléchargement de films.

    Conclusion: le ministère de la culture (si on peut encore l’ comme ça) est trop attaché à un système de vente > et essaye de le conserver. Mais la société évolue et il ne pourra pas nager à contre courant bien longtemps. Patience donc, car n’oublions pas que le pays est gouverné > et lorsqu’ arrivera un ministre ayant grandi dans cette société, DADVSI sombrera dans l’oubli …

    Commenté par Elvellon — 21 mars 2006 @ 23 h 17 min

  5. Mmmmhhh petit problème, apparemment les guillemets passent mal …
    J’ écrit :
    – Je suis d’ avec lui : « le temps des majors est révolu » (Le Seigneur des DRM …

    – … un système de vente « d’ gros à un petit » et essaye …

    – … le pays est gouverné « par le peuple et pour le peuple » et lorsqu’ arrivera …

    Désolé

    Commenté par Elvellon — 21 mars 2006 @ 23 h 21 min

  6. Pour les films desolé mais meme en location une petite partie des films est disponibles.

    Les industriels en profitent et impose l’ comme unique moyen d’ acces à certaines productions.
    (Series et animes non diffusés en france dont la distribution parfois n’ que sous forme de dvd à la vente. cette position monpolistique fait que l’ trouve des series de 13 episodes de 24 min sur 3 à 4 dvd selon la rapacité du distributeur. le doublage francais toujours de trés grande qualité prend malheureusement une place folle).

    Commenté par bourgpat — 22 mars 2006 @ 9 h 10 min

  7. je partage la conclusion de cet article et
    je dirai que,a long terme le cout politique pour ce gouvernement sera immense:
    avec dadvsi et le cpe ce gouvernement m’ tout a coup tres soumis aux besoins du grand capital.

    Commenté par Moresmau Jean Michel — 22 mars 2006 @ 17 h 16 min

  8. Certainement l’ parlementaire la plus pertinente, la plus synthétique, et la plus réaliste de tout le pseudo-débat sur la loi Vivendi. Mais certainement une perte de temps pour les pauvres députés de l’ et de l’ qui se sont égosillés a apporter des arguments bétons, et à poser des questions précises (même si certains intervenants sont techniquement largués).

    La réponse du gouvernement a été inexistante, et les amendements contestataires rejetés en 20 secondes chronos par un vote mécaniste. Elle est belle la majorité monobloque ! sans plus aucune mosaïque d’ d’-UMP. Les seules courants visibles sont ouvertement des courants de personnes entre Villepin et Sarko.

    Ice

    Commenté par Ice de Nice — 31 mars 2006 @ 11 h 19 min

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